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Ressources pédagogiques : l’orpaillage illégal en Guyane

Qu’est ce que l’orpaillage ?

L’exploitation de l’or en Guyane existe depuis le milieu du xixe siècle, essentiellement sous forme d’orpaillage le long de L’aprouague. Il s’agit de récupérer l’or contenu dans le sol ou le lit des rivières sous formes de paillettes. Aujourd’hui, l’or est extrait soit de manière légale (soumises au Code Minier, la filière préférant alors utiliser le terme d’opérateur minier plutôt que d’orpailleur), soit de manière illégale et clandestine (on parle alors d’orpaillage illégal), directement dans la roche mère ou bien dans le lit des rivières.

Il existe plusieurs techniques d’orpaillage industriel :

La rampe de lavage : l’orpailleur installe une rampe légèrement en pente au dessus d’un placer assez riche dans le sens du courant. La rampe est garnie de tapis ou de traverses en bois. On place une quantité importante de sable en amont qui sera entraîné dans la rampe avec le courant. Le tri se fera alors naturellement dans les traverses ou sur les tapis, les particules se placeront plus ou moins loin en fonction de leur masse et l’or pourra donc être séparé du sable.
Le mercure : le mercure à pour propriété d’amalgamer l’or, et est utilisé pour récupérer jusqu’aux plus petites poussières d’or. Avec cette technique, les paillettes d’or se collent les unes aux autres puis au mercure ce qui facilite ensuite son tri et sa séparation avec le sable.
orpaillage

L’or en Guyane
Les services de l’état estiment à 120 tonnes le stock d’or primaire à exploiter en Guyane, sans compter l’or secondaire contenu dans les alluvions ou les dépôts fluviaux. La quantité totale d’or présente sur Terre est de 250 000 tonnes, dont 160 000 ont déjà été extraites. Compte tenu de l’accélération du rythme d’extraction en raison, notamment, d’une forte demande de la Chine, il pourrait ne plus y avoir d’or à extraire dans 16 ans.
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En conséquence, le cours de l’or monte, rentabilisant l’extraction clandestine, même si l’action des militaires en augmente le coût par la destruction des matériels. Chaque année, on estime à une dizaine de tonnes d’or l’exploitation clandestine en Guyane (soit environ 500 millions d’euros), contre seulement deux tonnes légales. JPEG - 268.5 kio

Qui sont les Garimpeiros ?
Environ 10 000 travailleurs clandestins, pour l’essentiel d’origine brésilienne du Maranhao (le Brésil ayant quasiment éradiqué l’orpaillage sur son territoire) et surinamaise, opèrent dans la forêt Guyanaise, sur près de 400 sites. Cette activité illégale génère également une activité très importante d’approvisionnement : il faut 10 000 litres de carburant pour extraire 1 kg d’or. 1 gramme d’or extrait en forêt se paye entre 18 et 27 euros, contre 30 pour le cours officiel, soit une recette de 100 000 euros tous les 20 jours, aptée à 60 % par les commanditaires des orpailleurs. Les Garimpeiros sont pour la plupart miséreux, parfois soumis au travail forcé : ils sont donc également des victimes et souffrent généralement d’un état de santé précaire, ce qui susceptible de contribuer à la propagation des maladies, nottament à cause de la promiscuité et de la prostitution. (MST, Sida, toxoplasmose...)
L’orpaillage clandestin entraîne donc une augmentation de la criminalité et de la délinquance(drogue, prostitution, trafics d’armes, vols de moteurs de bateaux, voire assassinats) autour des comptoirs logistiques mis en place par la filière minière clandestine sur la rive brésilienne de l’Oyapock ou sur la rive Surinamienne du Maroni.
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Quelles sont les réactions ?
L’Office national des forêts a estimé fin 2005 qu’en Guyane 1 333 kilomètres de cours d’eau étaient directement impactés par les chantiers miniers, principalement illégaux, et 4 671 km de fleuves et rivières touchés par les pollutions, en aval de ces chantiers. De plus, selon l’ONF de 2000 à 2005, les déboisements des orpailleurs sont passés de 4 000 à près de 11 500 hectares, ce qui suscite des conflits avec les populations locales.
A la différence des populations bushinengées, les communautés amérindiennes de Guyane sont très majoritairement opposées à ces activités illégales , qui occupent des terres, dégradent le milieu naturel et exercent des pressions sur les ressources de pêche et de chasse dont ils tirent leur subsistance. L’État met en œuvre des moyens importants pour lutter contre ce fléau, à travers l’opération HARPIE, lancée en février 2008, placée sous l’autorité conjointe du préfet et du procureur de la République. À partir d’octobre 2017, le dispositif a été rénové fin d’aller au-delà de la réponse sécuritaire, vers une approche globale articulée selon trois axes : un axe économique et environnemental, un axe sécuritaire et judiciaire, auquel contribuent les FAG, la police nationale, la gendarmerie nationale, les douanes, la justice, le parc amazonien guyanais PAG), l’Office National des Forêts ; enfin un axe diplomatique.

Qu’est-ce que la mission Harpie ?
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légionnaires en mission Harpie
Un état-major de lutte contre l’orpaillage illégal a été créé autour du préfet de région et du procureur de la république, avec un centre de commandement opérationnel de la Gendarmerie ationale co-localisé avec l’état-major des FAG. HARPIE est mise en œuvre par le 9ème Régiment d’Infanterie de Marine et le 3ème Régiment Etranger d’Infanterie, renforcés par des compagnies tournantes en provenance de métropole. En moyenne, 250 à 300 hommes sont déployés chaque jour. Harpie vise à mettre en place un cordon sanitaire sur le pourtour de la zone aurifère par des points de contrôle sur les rivières et des opérations coup de poing en forêt. Les opérations sont conduites à partir de bases opérationnelles avancées dans la forêt, le long des grands fleuves, à l’Ouest à Maripasula, sur le Maroni, à l’Est à Saint Georges et à Camopi, sur le fleuve Oyapok. Il s’agit d’une opération du « haut du spectre » : une opération de guerre menée en temps de paix sur le territoire national. Le coût humain de l’opération est d’ailleurs élevé.
En 2019, HARPIE a réalisé 1 500 patrouilles et le bilan est similaire à celui de 2018 : 1 824 grammes d’or ont été saisis, 3 135 carbets ont été détruits, 45 concasseurs, 427 moteurs, 319 motopompes, 320 roupes électrogènes, 2 barges fluviales ont été saisis, ainsi que 555 tables de levées qui servent à orpailler, 58 tonnes de vivres, 46 kilos de mercure...
L’opération, dont le coût annuel est de 55 millions d’euros, permet de maintenir l’orpaillage à bas niveau, mais pas de l’éradiquer.

Quelle est la particularité de la ville d’Oyapoque ?
Sur les documents fournis par les comptoirs brésiliens, l’origine de l’or déclaré est "Oiapoque", une commune où, pourtant, il n’y a pas d’orpaillage. Depuis 2003, près de sept tonnes d’or ont été déclarées à Oiapoque. Au passage, l’Etat fédéral prélève une taxe de 1 %. Et avant 2003 ? "Nous n’avions pas de statistiques", répondent les services douaniers brésiliens, qui n’ont pas non plus les moyens d’assurer des contrôles sur place.
le maire, Aguinaldo Rocha, gère précisément un magasin proposant tout le matériel pour l’orpaillage : de la nourriture, des tuyaux, des cordes... Un commerce légal.
Oyapoque, une base arrière légale ?

Quelles sont les conséquences de l’orpaillage illégal ?
Du mercure est présent dans les sédiments du barrage de Petit-Saut sur la commune de Sinnamary, près de Kourou, où il peut se méthyler et favoriser l’intoxication mercurielle de la faune et de la population. Ce mercure pourrait à terme avoir des effets jusque dans l’estuaire du Sinnamary et au-delà. Plusieurs études de l’InVS ont montré que le taux de mercure ne cesse de croître chez les Amérindiens vivant près des fleuves et consommant du poisson, et que ces taux dépassent souvent le seuil de risque pour la santé. Les populations amérindiennes semblent être les plus touchées par les séquelles de l’orpaillage (en particulier les Wayanas) comme en témoignent les taux de malformations dans les naissances..
La déforestation liée au remaniement des lits des cours d’eau, qui sont aussi des corridors biologiques naturels, fragmentent les écosystèmes. Les sols tropicaux fragiles et fins, sont totalement détruits : la couche fertile superficielle contenant la matière organique est décapée, et lessivée vers les fleuves ou recouverte de « stériles » (déchets miniers), ce qui aggrave le ruissèlement, et les glissements de terrain.

rapport des députés G. Serville et L. Adam
article chaine globo1 (portugais)
article goldline
exploitation aurifère
Pour aller plus loin : François-Michel Le Tourneau, Chercheurs d’or, l’orpaillage clandestin en Guyane française, CNRS Editions, 2020

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