Entrée au Panthéon de Simone VEIL (1er juillet 2018)
Mis à jour le vendredi 6 septembre 2024
Le CNRD propose une approche pédagogique de l’entrée au Panthéon de Simone Veil. Née à Nice en 1927 dans une famille juive assimilée, profondément laïque et républicaine, elle est la benjamine d’une fratrie de quatre dont le père est architecte et la mère au foyer. La crise de 1929 brise l’aisance des Jacob mais non la paisible enfance de Simone. La montée du nazisme bouleverse, elle, l’adolescence d’une lycéenne ordinaire : elle en perçoit la dangerosité alors que son père, ancien soldat de la Première Guerre mondiale confiant en son pays, en croit les siens protégés. Mais le 13 avril 1944, Simone est déportée avec sa mère et sa sœur Milou à Auschwitz-Birkenau, puis sa sœur Denise à Ravensbrück. Devenue le numéro 78651, elle résiste à l’enfer du camp d’extermination et au désespoir de la mort de sa mère des suites du typhus ; après sa libération en mai 1945, elle fait face à l’annonce de l’assassinat en Lituanie de son père et de son frère. Accablée de souffrances tues, il lui faut pourtant se construire un avenir, elle décide de devenir avocate. La rencontre avec un brillant étudiant à l’Institut d’études politiques, Antoine Veil, qui n’a pas subi la déportation, lui redonne le goût de vivre. Elle l’épouse en 1946 et s’installe dans une vie de femme dévouée aux ambitions de son mari : lui, l’énarque, fait carrière ; elle, l’épouse, fait trois enfants entre 1947 et 1954. Mais cette quiétude ne la satisfait pas. Pour ne pas contrarier son conjoint, elle renonce au barreau et s’oriente vers la magistrature. Nommée à la direction de l’administration pénitentiaire, elle travaille de 1954 à 1964 à humaniser l’univers carcéral. Puis, à la direction des affaires civiles, elle prend pleinement conscience des inégalités entre les sexes, avant de devenir, en 1969, conseillère technique dans le cabinet de René Pleven, alors Garde des Sceaux dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas. Son parcours d’excellence la conduit en 1970 au poste de secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature. Elle fait aussi figure de pionnière en étant la première femme à siéger au Conseil d’administration de l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) de 1972 à 1974. Cette année-là, cette grande professionnelle du droit, étrangère à la politique, devient par la volonté du président Valéry Giscard d’Estaing la première femme ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac. Elle défend avec ardeur la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui, votée en janvier 1975, porte son nom. Désormais, Simone Veil incarne la cause des femmes, tout en demeurant ministre de la Santé dans les gouvernements de Raymond Barre. Puis, convaincue de longue date que la préservation de la paix passe par la construction européenne, elle s’engage totalement dans ce projet. Tête de liste de l’Union pour la démocratie française (UDF), elle est élue à la présidence du Parlement européen en 1979. Cette grande Européenne ne retourne à la politique nationale qu’en 1993 (ministre d’État chargée des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville jusqu’en 1995). À partir de 1998, elle défend au Conseil constitutionnel les valeurs qui ont dirigé sa vie, tout en continuant de perpétuer la mémoire de la déportation. Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah de 2001 à 2007, puis présidente d’honneur, elle œuvre encore et toujours contre l’antisémitisme et le racisme. Ses engagements lui valent d’être élue en 2008 à l’Académie française, son épée témoigne de son passé et de ses combats. Aussi, dès son décès, le 30 juin 2017, sa panthéonisation est souhaitée par le président Emmanuel Macron, tant la patrie est reconnaissance à cette grande dame. retrouvez l’article de France Inter ici. entrée au Panthéon sur le site Lumni
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