La mémoire amérindienne en Guyane
Mis à jour le lundi 29 avril 2024
Le site RadioFrance propose un podcast sur la question de la mémoire amérindienne en Guyane. Cette question peut etre abordée dans le cadre du programme de seconde BCP EMC.
<media1418|insert|center>
La journaliste Hélène Ferrarrini évoque notamment la question des homes indiens, qui ont scolarisé des enfants Kali’nas tout en les évangélisant dans les années 1930, dans la région de Mana.
extrait :
Dès leur arrivée dans ces homes, les enfants sont forcés de prier, d’assister aux messes, d’apprendre le catéchisme, sous peine de punition. Ils sont contraints aussi d’apprendre et de parler une seule langue : le français. Hélène Ferrarini énumère les multiples violences dont ces enfants ont été victimes : "Le dénigrement, la diabolisation des cultures autochtones, de la spiritualité amérindienne, les langues maternelles qu’ils ne devaient plus parler et qui se sont appauvries. Tout cela, ce sont les violences qu’on peut qualifier de symboliques et culturelles. Il y avait également les violences physiques : des châtiments corporels, des coups, des punitions."
<media1425|insert|center>
Ces homes sont en partie financés par l’État français, la loi de laïcité de 1905 ne s’appliquant pas en Guyane. Les cultes y sont régis par une ordonnance royale du XIXe siècle. Au XXe siècle, dans le cadre de la citoyeneté française obtenue dans les années 1960,(loi Vignon), ces homes relèvent de l’enfance abandonnée (ancêtre de l’aide sociale à l’enfance) comme le rappelle A. Toukia. Les travaux de G. Filloche ont montré que cette approche missionnaire, puis les postes de santé et les services publics ont permis l’établissement de villages pérennes.
F. Piantoni rappelle que l’intégration sociale des différents groupes présents sur le sol guyanais ainsi que de ces migrants, qu’ils soient récents ou non, renvoie à la stratification déjà existante, celle liée à l’assimilation à des valeurs républicaines ainsi qu’à la créolisation. (...). La logique coloniale renforce la hiérarchie dans cette stratification et place dans les cadres de l’administration les colons blancs, puis créoles, laissant dans les marges les populations pensées comme les « plus sauvages », telles que les Amérindiens ou encore les Noirs Marrons qui, eux, ont refusé l’assimilation. Dans la logique de cet ensemble, la peur de l’invasion et de l’infériorité numérique du groupe créole pousse ce dernier vers une crise puis un repli identitaire alors qu’à l’inverse, les groupes immigrés, précise l’auteur, « développent des stratégies d’intégration économiques fondées sur le renforcement de la cohésion identitaire ». C’est donc dans ce cadre que l’on doit comprendre le débat actuel sur l’immigration, et non à partir de celui sur l’intégration sociale. L’immigration massive que connait la Guyane depuis 1990 a, en cristallisant la question identitaire, permis l’emergence de cette problématique. Avec près de 8000 personnes, les amérindiens constituent l’un des groupes les moins nombreux de Guyane.
article france info :
<media1417|insert|center>
article guyaweb :
https://www.guyaweb.com/assets/F.-ARMANVILLE-M2-Homes-Indiens-red.pdf
(université d’Aix-Marseille)
Pour aller plus loin :
La découverte de 215 corps d’enfants dans un pensionnat semblable en Colombie Britannique en 2015 pose la question des mauvais traitements auxquels étaient exposés ces enfants.
BIBLIOGRAPHIE
Hervé Domenach, Michel Picouet. Dynamique de la population et migration en Guyane. Cayenne : ORSTOM, 1988
Hélène Ferrarini, Allons enfants de la Guyane. Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République, Anacharsis - septembre 2022
Filoche Geoffroy, Davy Damien, Guignier Armelle et al., « La construction de l’État français en Guyane à l’épreuve de la mobilité des peuples amérindiens », Critique internationale, 2017/2 (N° 75), p. 71-88. DOI : 10.3917/crii.075.0071. URL : https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2017-2-page-71.htm
Frédéric Piantoni, Migrants en Guyane, Arles/Cayenne, Actes Sud/Musée des Cultures guyanaises, 2011
Alexis Toukia, « Stratégies amérindiennes en Guyane française », Multitudes, 2016/3 (n° 64), p. 199-210. DOI : 10.3917/mult.064.0199. URL : https://www.cairn.info/revue-multitudes-2016-3-page-199.htm
Ilyes Zouari, « La Guyane, une mosaïque de populations », Population & Avenir, 2015/5 (n° 725), p. 15-17. DOI : 10.3917/popav.725.0015. URL : https://www.cairn.info/revue-population-et-avenir-2015-5-page-15.htm
Dans la même rubrique
Les femmes combattantes
Un hors-série sur les femmes combattantes a été publié par la revue « Les chemins de la (…)
Le Havre dans la Traite Atlantique
La ville du Havre coordonne pour 2023 l’organisation d’une exposition régionale qui aura pour (…)
Commémoration du 8 mai 1945
Après la bataille de Berlin qui se termine le 2 mai 1945 par la victoire soviétique sur les (…)